Le Festival d’Avignon célèbre Oum Kalthoum et l’héritage culturel arabe

Jul 15, 2025 - 17:30
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Le Festival d’Avignon célèbre Oum Kalthoum et l’héritage culturel arabe

Dans le cadre majestueux du Palais des Papes, le Festival d’Avignon a offert un moment d’exception en rendant hommage à l’immense Oum Kalthoum, cinquante ans après sa disparition.

Figure tutélaire de la musique égyptienne et emblème d’une culture arabe à la fois riche, digne et trop souvent mal comprise, la chanteuse fut célébrée à travers un spectacle unique intitulé La Voix des Femmes. Sur scène, sept artistes d’horizons divers, parmi lesquels Camelia Jordana, Souad Massi et Maryam Saleh, ont conjugué leurs talents pour faire résonner, en arabe, la puissance d’un héritage musical et culturel toujours vivant.

« Il ne s’agit pas de reproduire Oum Kalthoum », précise avec justesse Zeid Hamdan, producteur libanais et instigateur du projet. « Il s’agit de lui rendre hommage, de dire comment on l’aime, comment on la chante… » Dans cette démarche assumée de réappropriation artistique, chacun des interprètes a exprimé sa singularité. « Chaque interprète a déjà sa propre identité », souligne la chanteuse égyptienne Maryam Saleh. « Et c’est ça qui était intéressant dès le départ. On était tous curieux de voir comment chacun d’entre nous allait réinterpréter Oum Kalthoum à sa façon. »

Loin de l’imitation, ce concert monumental revendique la liberté de création, en célébrant l’œuvre de celle qui, par sa voix, a su transcender les frontières entre tradition et modernité. D’abord formée au chant par son père, Oum Kalthoum a traversé cinq décennies de mutations musicales, mêlant oud, claviers et guitares électriques. Elle a su incarner l’âme d’une nation, tout en s’imposant comme une femme de caractère dans un monde d’hommes, une artiste respectée et une figure féminine admirée. « Elle représente la femme arabe : classe, musicienne, et féministe aussi », rappelle avec émotion Souad Massi. « En tant qu’artiste, je suis ravie d’avoir vécu cette aventure… À la base, je ne chante pas oriental. C’était une belle expérience. »

À travers cette création présentée dans la Cour d’honneur, le Festival d’Avignon a aussi souhaité mettre à l’honneur la langue arabe, invitée centrale de cette 79e édition. Une langue portée par des voix puissantes, qu’elles soient issues du chant traditionnel, du rap ou de la musique électronique, et qui clament haut une appartenance culturelle fière et vivante. Pour Zeid Hamdan, l’enjeu dépasse la simple dimension artistique : « Je pense qu’il est important de mettre à l’honneur nos peuples, notre culture, de montrer quelque chose qui a une valeur, une grandeur et une noblesse. » Et d’ajouter : « On est là, on existe, notre art est fort, on doit être protégés, aimés, respectés. »

Par-delà les styles et les générations, La Voix des Femmes a offert au public un moment d’émotion rare, où la mémoire d’Oum Kalthoum s’est mêlée aux voix du présent. Camelia Jordana, Abdullah Miniawy, Danyl, Natacha Atlas, Rouhnaa, Maryam Saleh et Souad Massi ont incarné cette diversité, tissant un lien sensible entre les époques et les continents.

Véritable apothéose de cette 79e édition, ce concert a réuni un public conquis, rassemblé par-delà les différences culturelles autour d’un hommage universel. Ainsi, la voix d’Oum Kalthoum, ressuscitée dans une pluralité de timbres et d’expressions, continue de porter haut l’âme d’un monde arabe en quête de reconnaissance, de respect, et de lumière.

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