Génétique : l’ADN d’un Egyptien de 4800 ans dévoile des liens interculturels

Jul 3, 2025 - 15:00
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Génétique : l’ADN d’un Egyptien de 4800 ans dévoile des liens interculturels

Un ADN du millénaire a révélé un lien génétique entre les cultures de l'Égypte ancienne et de la Mésopotamie, selon une étude publiée mercredi dans la revue Nature.  

Les chercheurs auraient séquencé le génome à partir de deux dents du squelette d’un homme datant d'environ 4 800 ans. 

Pontus Skoglund, chef de groupe au laboratoire de génomique ancienne de l’Institut Crick, explique le procédé :  

"Nous prenons quelques milligrammes, disons 20 milligrammes, soit 1000 grammes d'une petite poudre du squelette, par exemple de la dent dans ce cas, et c'est vraiment une sorte de dé à coudre de poudre. Il est très important pour nous de laisser le squelette aussi intact que possible pour le patrimoine culturel, puis nous le mettons dans des liquides pour extraire l'ADN.

Le squelette a été découvert dans un pot scellé, à l'intérieur d'une chambre creusée dans une colline rocheuse situé sur le site funéraire égyptien de Nuwayrat.   

L'analyse de l'usure du squelette et la présence d'arthrite dans certaines articulations indiquent que l'homme était probablement âgé d'une soixantaine d'années et qu'il travaillait peut-être comme potier, a déclaré Joel Irish, bioarchéologue à l'université John Moores de Liverpool et coauteur de l'étude. 

Cet homme a vécu juste avant ou près du début de l'Ancien Empire égyptien, lorsque la Haute et la Basse Égypte ont été unifiées en un seul État, ce qui a conduit à une période de relative stabilité politique et d'innovation culturelle, notamment avec la construction des pyramides de Gizeh.  À peu près à la même époque, la Mésopotamie a connu l'essor des cités-états sumériennes et l'émergence du cunéiforme comme système d'écriture. 

Une évolution considérable d'après Pontus Skoglund :"C'est très fascinant parce que cela nous permet de faire un grand pas en avant dans les archives de l'ADN ancien de l'Égypte. L'une des choses que nous essayons de reconstituer, c'est l'ascendance de cet individu à laquelle on peut rattacher d'autres individus qui ont vécu avant lui. Nous avons découvert qu'il avait des ancêtres originaires du Moyen-Orient ou d'Afrique du Nord. Environ 80 % de ses ancêtres correspondent à ceux d'autres individus d'Afrique du Nord que nous connaissons. Mais les personnes les plus proches que nous avons sont originaires du Maroc. Il est donc très éloigné de l'Égypte. "

Les quatre cinquièmes du génome montrent des liens avec l'Afrique du Nord et la région autour de l'Égypte. Un cinquième est lié à la partie de l'Asie occidentale située entre le Tigre et l'Euphrate, connue sous le nom de Croissant fertile, où la civilisation mésopotamienne s'est épanouie à cette époque. 

"Lorsqu'il y a des innovations culturelles ou technologiques, comme l'avènement de l'agriculture par exemple, il y a aussi des mouvements de population, les gens se déplacent à la suite de ces changements sociétaux à grande échelle. Et bien sûr, les origines de l'Égypte primitive, il y a environ 5 000 ans, ont été un événement vraiment important et vraiment extraordinaire dans un sens, et il serait fascinant de pouvoir comprendre l'ascendance et la mobilité autour de cette période, et bien sûr aussi avant, après, pendant la civilisation égyptienne." Précise le chef de groupe au laboratoire de génomique ancienne "

Depuis plus d'un demi-siècle, les scientifiques tentent de séquencer le génome des anciens Égyptiens comme celui de cet homme d’une soixantaine d’années, retrouvé en 1902, soit 20 ans avant la découverte du tombeau du pharaon Toutankhamon en 1923. 

Les chercheurs ont par ailleurs déclaré que l’analyse d'autres échantillons d'ADN anciens est nécessaire pour clarifier l'étendue de ces liens culturels.  

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