Cyber Africa Forum : le Bénin au cœur de la résilience numérique [Business Africa]
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Cette semaine, Business Africa fait escale au Bénin pour une édition spéciale consacrée à trois piliers de sa transformation économique et numérique.
Au cœur de cette édition : le Cyber Africa Forum à Cotonou, où le Bénin s’impose comme un acteur clé de la résilience numérique sur le continent ; un zoom sur la filière coton en pleine mutation avec l’ambition de créer de la valeur localement ; et enfin, une immersion dans les marchés modernes, témoins d’un développement visible mais encore déconnecté du quotidien de nombreux citoyens.
Le Cyber Africa Forum exhorte à la résilience numérique en Afrique : le Bénin en tête de file
La cinquième édition du Cyber Africa Forum s’est tenue les 24 et 25 juin à Cotonou. Le thème central portait sur la résilience des écosystèmes numériques africains. Plus de mille participants issus de l’ensemble du continent ont débattu des menaces croissantes dans le cyberespace et des réponses concrètes à apporter.
Le commissaire général du forum, Franck Kié, a insisté sur le caractère stratégique de cette résilience. Selon lui, il s’agit d’un impératif devenu central, car le continent n’a pas toujours su anticiper les risques. Il déclare que ce thème signifie concrètement et simplement la nécessité d'anticiper, de prévoir et de se préparer aux chocs actuels et futurs que vit l'Afrique.
Pays hôte, le Bénin s’illustre par son engagement. En quelques années, il a fortement progressé dans le classement mondial de la cybersécurité, passant de la 149e à la 56e place, et à la sixième place à l’échelle africaine. Cette avancée s’explique par une stratégie nationale rigoureuse. Le directeur général du Centre national d’investigations numériques, Ouanilo Médégan Fagla, rappelle que le Bénin travaille à renforcer la capacité des acteurs à concevoir des systèmes d’information résilients dès la conception. Il souligne que cette résilience passe aussi par une réponse rapide et efficace aux incidents.
Le pays s’est doté d’un cadre légal et opérationnel ambitieux. Deux politiques sont en première ligne : celle sur la sécurité des systèmes d’information de l’État et celle sur la protection des infrastructures critiques. Ces dispositifs prévoient des mécanismes de continuité d’activité et de relance en cas d’attaque ou de catastrophe.
Le Bénin mise également sur la formation. Le Hacker Lab lancé en 2017 détecte et forme de jeunes talents en cybersécurité. Ces profils sont ensuite intégrés dans les équipes opérationnelles nationales. Pour Ouanilo Médégan Fagla, l’enjeu n’est pas seulement de repérer les compétences mais de constituer une force robuste, exposée à des défis techniques et humains, et capable d’accompagner les grandes réformes numériques.
À travers ces actions concrètes, le Bénin entend devenir une référence continentale en matière de cybersécurité et de souveraineté numérique.
Coton : le pari de la transformation locale
Le coton, véritable "or blanc", reste un pilier clé de l’économie béninoise. La saison 2024–2025 a été particulièrement prometteuse, avec une production estimée à 669 000 tonnes, plaçant le Bénin en tête des pays producteurs en Afrique et devant le Mali
Mais cette richesse brute est désormais traitée localement. Lancée en 2020, la Zone industrielle de Glo‑Djigbé – ou GDIZ – a radicalement changé la donne. Cette vaste zone de 1640 hectares, conçue en partenariat public‑privé, concentre des infrastructures de filature, tissage, teinture et confection
Aujourd’hui, trois usines en activité transforment 40 000 tonnes de coton par an, soit environ 12 % de la production nationale. Ces unités fabriquent des produits finis notamment des uniformes, serviettes et tee‑shirts exportés vers l’Europe, les États‑Unis et l’Afrique.
Les ambitions sont énormes : Glo‑Djigbé vise 28 unités intégrées, générant jusqu’à 14 milliards de dollars de valeur marchande annuellement, et créant 300 000 emplois directs d’ici 2030.
Cette stratégie est soutenue par une approche environnementale responsable : la GDIZ mise sur le zéro déchet et une production à faible empreinte carbone grâce à l’énergie solaire.
Le gouvernement, mené par le président Patrice Talon, alias "le roi du coton", pousse fortement ce modèle. L’interdiction récente des exportations de coton brut, effective dès mai 2025, vise à favoriser davantage la transformation nationale et capturer la valeur ajoutée sur place.
En résumé, le Bénin s’emploie à transformer son coton d’un simple produit agricole en un levier industriel, orienté vers l’export de produits finis. Une stratégie ambitieuse qui, si elle tient ses promesses, pourrait consolider la diversification économique du pays et renforcer sa souveraineté industrielle.
Marchés modernes : infrastructures rénovées, pouvoir d’achat en berne
Malgré un taux de croissance projeté à 6,8 % en 2025, de nombreux Béninois peinent à faire face à la vie chère. Dans les nouveaux marchés modernes construits par l’État, les commerçants font face à une baisse des ventes. Suzanne, cliente dans un marché de Godomey, confie ne plus pouvoir remplir son panier.
À Pahou, la vendeuse Affissatou souligne la nécessité d’intégrer les commerçantes installées le long des routes pour dynamiser l’activité. Si les infrastructures sont prêtes, c’est désormais le pouvoir d’achat qu’il faut renforcer.
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