RDC : l'AFC/M23 '' pas concerné'' par l'accord Kinshasa-Kigali

Jul 4, 2025 - 12:00
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RDC : l'AFC/M23 '' pas concerné'' par l'accord Kinshasa-Kigali

Dans l'est du Congo, la fragile lueur d'espoir d'une paix durable vacille dangereusement. Alors que la région est en proie à une violence persistante, l'accord signé le 27 juin à Washington entre Kinshasa et Kigali, censé garantir le respect de l'intégrité territoriale et l'arrêt des hostilités, peine à convaincre.

Le M23, groupe rebelle qui contrôle une vaste zone du Nord-Kivu, a réagi avec une prudence teintée de défiance, minimisant la portée de cet accord.  

 À Goma, bastion du M23, le groupe rebelle se dit non concerné, le considérant comme un simple pacte bilatéral entre les deux États. Une position qui soulève des questions quant à la volonté réelle du M23 de s'inscrire dans une dynamique de paix.  

 "Ce sont des affaires de pacte des États dans lequel cet accord-là, il y a la coopération économique, il y a d’autres problèmes dont ils ont parlé d’une manière bilatérale. Mais nous, nous avons des problèmes à nous qui sont différents des problèmes qui ont été traités là-bas. Parce que nous ne maîtrisons même pas ce qui a été traité dans cet accord," déclare Benjamin Mbonimpa, secrétaire permanent AFC/M23. Cette rhétorique, qui minimise l'importance de l'accord, contraste avec la réalité du terrain.  

Discutions à Doha

 Sur le terrain, les combats se poursuivent avec acharnement au Nord et Sud-Kivu. Les forces Wazalendo, alliées aux FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo), affrontent quotidiennement les rebelles de l'AFC-M23. Cette escalade de la violence rend d'autant plus crucial le redémarrage des pourparlers initiés à Doha en avril entre le gouvernement congolais et le M23. Des négociations qui, selon plusieurs sources, sont aujourd'hui au point mort.  

 Malgré la situation précaire, le M23 réaffirme sa volonté de paix, tout en accusant Kinshasa de faire obstruction aux négociations. Une stratégie qui vise, selon certains observateurs, à se dédouaner de toute responsabilité dans l'impasse actuelle.  

 "L’AFC/M23 est en pourparlers de paix. Nous avons signé un accord avec Kinshasa et nous allons aboutir à une paix si Kinshasa le veut bien sûr. Nous croyons à Doha, nous croyons à la paix et nous savons que toutes les fois nous avons été demandeurs de dialogue. Nous n’avons jamais voulu la guerre, on nous l’a imposée," affirme Benjamin Mbonimpa. Cette posture victimaire, régulièrement adoptée par le M23, est remise en question par de nombreux acteurs de la société civile congolaise.  

 Lassitude à Goma

À Goma, ville sous contrôle rebelle depuis fin janvier, la population oscille entre espoir, prudence et lassitude face à la persistance du conflit. La vie quotidienne est rythmée par la peur des combats, les pénuries et l'incertitude quant à l'avenir.  

''Nous avions entendu dire que le gouvernement congolais poursuivait des discussions avec le M23 à Doha, mais jusqu'à présent, nous n'avons jamais eu de nouvelles de leurs discussions. Ils ne nous ont jamais rassurés, on se demande s’ils partiront un jour'' témoigne Kasereka Amani, habitant de Goma.  

 Justin Buwili, un autre habitant de Goma, exprime son désespoir : ''Ce que nous voulons, c'est la paix. Ils disent œuvrer en faveur de la paix, en réalité ils entretiennent la guerre nuit et jour. Nous demandons qu'ils s'entendent afin de nous sortir de cette souffrance.''

 Dans ce contexte tendu, le M23 annonce un nouveau déplacement de ses délégués à Doha pour tenter de relancer les négociations. Les autorités congolaises misent sur ces pourparlers pour mettre fin à la rébellion. Mais le M23, de son côté, continue d'accuser Kinshasa de saboter le processus. L'avenir de la région reste incertain, et la population, otage de ce conflit, aspire désespérément à la paix.  

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