Des drones IA révolutionnent la lutte contre le paludisme [Business Africa]

Jun 26, 2025 - 18:45
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Des drones IA révolutionnent la lutte contre le paludisme [Business Africa]

Cette semaine dans Business Africa : des drones dopés à l’intelligence artificielle ciblent les foyers de moustiques pour faire reculer le paludisme ; à Abuja, les fonds souverains africains s’organisent pour financer les infrastructures du continent ; et au Niger, la récente interdiction des exportations de bétail a mis à mal des milliers d’éleveurs.

Paludisme : la tech en renfort d’une lutte cruciale pour l’Afrique

Le paludisme reste l’un des plus grands freins au développement du continent africain. Environ 600 000 décès sont enregistrés chaque année, majoritairement chez les enfants de moins de cinq ans, et jusqu’à 16 milliards de dollars de PIB sont perdus annuellement selon le Forum économique mondial. Mais au-delà de l’enjeu sanitaire, c’est une question économique et stratégique pour l’avenir du continent.

Face à ce fléau, la technologie change la donne. La startup japonaise SORA Technology déploie une solution innovante dans plusieurs pays africains : des drones guidés par l’intelligence artificielle qui détectent les zones de ponte des moustiques pour y appliquer des larvicides de manière ultra-ciblée. Cette approche évite les traitements massifs, coûteux et peu efficaces.

“Notre solution repose sur l’utilisation conjointe de l’intelligence artificielle et de drones afin d’identifier avec précision les zones à risque, puis d’y appliquer des insecticides en fonction des données collectées”, explique Yosuke Kaneko, le fondateur de Sora Technology.

Déjà opérationnel au Ghana, le système a démontré son efficacité : jusqu’à 70 % de réduction de l’usage d’insecticides, 40 % d’économie sur les coûts de prévention et une baisse de 50 % des dépenses de main-d’œuvre.

Fort de ces résultats, SORA a levé 4,8 millions de dollars en mai 2025, principalement auprès d’investisseurs japonais, pour élargir sa présence à six nouveaux pays africains. Ces fonds permettront aussi d’accompagner les ministères de la Santé dans l’intégration locale de la technologie.

“Cette fois-ci, les financements sont moins publics, mais c’est une opportunité pour le secteur privé. La santé n’est pas une dépense, c’est un investissement. En Afrique, ces solutions peuvent émerger et fournir des données de grande valeur, recherchées à l’échelle mondiale”, affirme M. Kaneko.

Autre atout : cette méthode limite le risque de résistance aux insecticides, un problème critique pour les systèmes classiques.

“Réduire la quantité de produits utilisés prolonge leur efficacité et allège l’investissement global. Notre solution est très bien évaluée en matière de rentabilité.”

Dans un contexte où la résistance aux médicaments s’accroît et les financements publics se raréfient, l’approche de SORA montre que technologie, santé publique et développement économique peuvent converger pour répondre à l’un des plus grands défis du continent.

Afrique : vers une nouvelle ère de financement souverain

À Abuja, les grands acteurs du financement africain se sont réunis pour le 4e Forum des Investisseurs Souverains Africains. Objectif : mobiliser davantage de capitaux pour financer les infrastructures essentielles du continent, grâce à une coopération Sud-Sud renforcée.

Fonds souverains, institutions financières, partenaires publics et privés veulent sortir de la dépendance aux aides extérieures. Le Nigeria, via la NSIA, entend jouer un rôle moteur dans cette stratégie.

« Il faut changer d’état d’esprit et investir nos propres capitaux dans des projets transformateurs », plaide Ada Osakwe, présidente du comité d’investissement de la NSIA.

Dans les coulisses, plusieurs protocoles ont été signés pour impulser des projets structurants dans l’énergie, l’agro-industrie ou les transports. Un reportage de Michael Dibie.

Niger : les éleveurs en difficulté après l’interdiction des exportations de bétail

Au Niger, la récente interdiction d’exporter du bétail, décidée en mai pour approvisionner les marchés locaux à l’approche de la Tabaski, a laissé un goût amer. Objectif manqué. Les invendus se sont multipliés sur les marchés, notamment à Talladjé, à Niamey.

Cette mesure a durement frappé les éleveurs et les exportateurs, dans un pays où plus de 80 % de la population vit de l’élevage. Certains moutons valant jusqu’à 600 000 FCFA n’ont pas trouvé preneur, entraînant des pertes considérables selon les professionnels.

Le secteur, qui représente 62 % des exportations agricoles, a été pris de court. Des commandes vers la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou encore le Gabon sont restées bloquées. Des prêts contractés pour l’achat du bétail risquent désormais de ne jamais être remboursés.

Dans les zones comme Diffa ou Agadez, spécialisées dans l’élevage à vocation export, les éleveurs appellent désormais à une concertation en amont de ce type de décisions, pour éviter de fragiliser davantage une activité essentielle à l’économie nigérienne.

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