Kenya : vers une recrudescence des manifestations


Alors qu'un officier de police de haut rang a comparu devant un tribunal mercredi pour la mort du blogueur Albert Ojwang lors de sa garde à vue, un analyste politique kenyan estime que cela ne devrait pas suffire à calmer le peuple indigné qui devrait continuer à protester contre les violences policières notamment.
« Ce que veulent les manifestants et les Kenyans en général n'a pas été fait. Par exemple, l'inspecteur général adjoint Lagat (Eliud Kipkoech) n'a pas démissionné et n'a pas été licencié par le président. Au lieu de cela, il a fait ce que l'on appelle "se mettre à l'écart", ce qui est très kenyan. S'il avait démissionné ou s'il avait été arrêté, on pourrait penser que cela ferait baisser la température. La deuxième raison pour laquelle les manifestations pourraient se poursuivre est que nous approchons du 25 juin, date anniversaire. Les gens se souviennent de ce qui s'est passé l'année dernière, le 25 juin, lorsque les jeunes - connus sous le nom de "Gen-Z" - ont manifesté et ont fait irruption dans le parlement. Un certain nombre d'entre eux ont été tués ».
Le procureur du Kenya a demandé que le chef de la police accusé, Samson Talam, reste en détention pendant 15 jours afin de permettre la poursuite de l'enquête.
Les autorités kenyanes ont arrêté vendredi Samson Talam, qui était responsable de la cellule où un blogueur a trouvé la mort.
«L'insensibilité et la brutalité de la police serviront de catalyseur pour aggraver ces manifestations. Nous avons vu la police tirer à balles réelles. Nous avons vu la police utiliser une force excessive contre de très jeunes gens, des manifestants pacifiques. Mais surtout, et c'est très effrayant, nous avons vu les dirigeants politiques engager des hommes de main. Des gens qui aident le gouvernement à faire face aux manifestants», a déclaré Professeur Herman Manyora, analyste politique.
Albert Ojwang a été retrouvé mort pendant sa détention au commissariat central.Il avait été arrêté le 6 juin dans l'ouest du Kenya pour avoir publié, selon la police, de "fausses informations" sur un haut responsable de la police sur les réseaux sociaux.
La police a attribué sa mort au fait qu'il s'était "cogné la tête contre le mur de la cellule", mais un rapport pathologique a réfuté la version de la police.
Sa mort a déclenché une vague de protestations qui ont pris une tournure violente mardi, la police en tenue anti-émeute affrontant les manifestants dans le centre de Nairobi.
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